En Bretagne, l'autonomie énergétique en marche –Energy self-sufficiency in Brittany -
Autosuficiencia energética en Bretaña
Un exemple à suivre ? Is this the kind of example to be followed? ¿Un ejemplo para imitar?
Ø Vous trouverez le texte français complet ci-dessous
“…Ya en 2008 se creó la sociedad cooperativa de inversión Cigale. Son ahora 127 personas que controlan, en conjunto, el 30 % de la inversión en el parque eólico. Esta participación eólica no es sino una persiana de la política energética de la comunidad de distritos del Mené, que reúne los 6.500 habitantes de Saint-Gouëno con los de seis otras comunas del centro de Bretaña."
"Sobre el territorio rural se puede trazar un circuito que conduce desde una sala de calderas a madera (de los bosques circundantes) que alimenta un circuito de calor, en Gouray, a una planta de metanización en Saint-Gilles-du-Mené, y hacia la planta de agro-combustibles de Saint-Gouëno, antes de poder llegar a admirar una casa dotada de paneles solares en Plessala…”
Los ejemplos de nuestra América del Sur, en especial las experiencias hechas en comunidades rurales, muestran que partiendo del núcleo comunitario, autoridades municipales, vecinos, con el apoyo de una ONG experimentada dan lugar en muchos casos a proyectos que benefician desde muchos ángulos a la comunidad o a un grupo de comunidades no muy distantes entre sí, y terminan convirtiéndose en estilos de vida sostenibles, mejorando los niveles de vida de cada uno y frenando la migración hacia las grandes ciudades, y todo ello contribuyendo a disminuir considerablemente las emisiones de gases de efecto invernadero. De ahí el interés de este ejemplo que nos da Bretaña.
Los ejemplos de nuestra América del Sur, en especial las experiencias hechas en comunidades rurales, muestran que partiendo del núcleo comunitario, autoridades municipales, vecinos, con el apoyo de una ONG experimentada dan lugar en muchos casos a proyectos que benefician desde muchos ángulos a la comunidad o a un grupo de comunidades no muy distantes entre sí, y terminan convirtiéndose en estilos de vida sostenibles, mejorando los niveles de vida de cada uno y frenando la migración hacia las grandes ciudades, y todo ello contribuyendo a disminuir considerablemente las emisiones de gases de efecto invernadero. De ahí el interés de este ejemplo que nos da Bretaña.
Rio + 20 has stressed the need of matching the struggle against Climate Change with the struggle against poverty. As says Jacky Aignel in this coverage by Le Monde, “We live in one of the poorest districts in Brittany . As a peasant, I try to work independently as much as possible. And I knew cheap energy would end some day.” In Saint-Gouëno, Côtes-d'Armor, Brittany , they aim at attaining energy autonomy by 2025.
In the words of peasant Jacky Aignel, the elements of the Rio + 20 mandate may be found: first by replacing present energy system by a wind turbines park. The first turbine of 850 kilowatts -first in a series of seven- was put in place on Mach 19 this year. Also by means of poverty to be reverted through job diversification and the creation of new higher quality jobs propelled by self-generated energy. There is another element, that is also emerging in South America: the importance of developing these initiatives from the nucleus of small districts, where even if it is not always easy to involve the citizens that will benefit from the initiative, experience is beginning to show that once they do get involved the forces in the small community tend to transform the project into a sustainable way of life.
In the case of Brittany , the start-up of this initiative -originated in 1999- is the result “of a wise financial assembling focusing on associating the citizens with the actual investment so the economic results fall locally”. “At present, 127 people control, together, 30 percent of the wind park investment”. This is only part of the energy policy of the Mené district community, linking the 6,500 inhabitants of Saint-Gouëno with six other districts in central Brittany .
Having followed similar successful rural developments that have taken and do take place in South America, we strongly believe that to carry out the Rio + 20 mandate, this sort of engineering ought to be both replicated and perfected. And whenever possible, coordinated among neighbouring districts, as in the case of the Mené district community, in order to benefit from a wider net.
Mauricio López Dardaine
Source : LE MONDE, le 23 mars 2013
Saint-Gouëno (Côtes-d'Armor), envoyé spécial.
Jacky Aignel regarde les grutiers hisser les pales en haut du mât : "Depuis le temps qu'on attendait..." L'éolienne se dresse enfin, mardi 19 mars, sous les yeux du maire de Saint-Gouëno : le résultat de longues années d'efforts pour cette petite commune des Côtes-d'Armor. L'Enercon E53, d'une puissance de 850 kilowatts, première d'une série de sept, n'est pas une éolienne comme les autres : elle résulte d'un savant montage financier visant à associer les habitants à l'investissement, afin que les retombées économiques soient bien locales.Dès 2008, la société d'investissement coopératif Cigale a été créée. Ce sont maintenant 127 personnes qui contrôlent, ensemble, 30 % de l'investissement du parc. L'éolien participatif n'est qu'un volet de la politique énergétique de la communauté de communes du Mené, qui unit les 6 500 habitants de Saint-Gouëno et de six autres communes du centre de la Bretagne.
Sur ce territoire rural, on peut tracer un circuit conduisant d'une chaufferie à bois (fourni par les forêts avoisinantes) alimentant un réseau de chaleur, au Gouray, à une usine de méthanisation à Saint-Gilles-du-Mené, puis vers l'huilerie d'agrocarburants de Saint-Gouëno, avant d'admirer une maison passive à panneaux solaires à Plessala.
OBJECTIF : ÊTRE AUTONOME ÉNERGÉTIQUEMENT EN 2025
Autant d'éléments qui doivent permettre à la communauté d'atteindre son objectif : être autonome énergétiquement en 2025, c'est-à-dire produire de quoi couvrir sa consommation annuelle de 22 000 tonnes équivalent pétrole (sans doute moins à l'avenir, si la politique d'économies d'énergie porte ses fruits). En ces temps de débat national sur la transition énergétique, Le Mené est devenu un exemple de mélange d'énergies renouvelables et de décentralisation de la production que des élus de toutes les régions viennent visiter avec curiosité.
Tout est parti en 1999 du projet d'un groupe d'éleveurs porcins d'édifier une usine de méthanisation capable de digérer leur production de lisier : cette technique transforme en méthane, par fermentation, les excréments animaux. Une réflexion sur l'énergie s'est rapidement greffée à cette idée. "Nous sommes dans l'un des cantons les plus pauvres de Bretagne, explique Jacky Aignel. En tant que paysan, je cherche à travailler le plus possible en autonomie. Et je savais bien que l'énergie peu chère finirait un jour."
"CRÉER DES EMPLOIS QUALIFIÉS"
Une autre préoccupation a joué : l'activité locale dépend d'un grand abattoir qui emploie 2 500 personnes, Kermené, filiale du groupe Leclerc. L'énergie pourrait être un axe de diversification, ont pensé les élus. En 2005, certains se sont rendus à Gussling, en Autriche, une commune engagée depuis quinze ans dans une démarche d'autosuffisance énergétique. "On est revenus convaincus qu'avec les déchets, les ressources de la biomasse, le vent, le soleil on pouvait faire une diversification économique à côté de Kermené, raconte Michel Fablet, maire du Gouray. Et que cela permettra de créer des emplois qualifiés."
Après le voyage, élus et citoyens, aidés du polytechnicien Marc Théry, ancien président d'une grande entreprise, ont décidé de lancer dix projets énergétiques, qui peu à peu se sont concrétisés.
Tout n'a pas été aisé. "La superposition des structures administratives qui ralentissent les prises de décision", observe Jacky Aignel, a été un frein puissant dans l'avancement des dossiers. Les règles de l'Autorité des marchés financiers n'ont pas facilité le montage de la coopérative éolienne. Les lobbys des agrocarburants et des engrais ont mis des bâtons dans les roues de l'huilerie et de l'usine de méthanisation.
"ON NE PEUT PAS DIRE QU'IL Y AVAIT FOULE"
Autre difficulté : susciter la participation des habitants. "On a fait des réunions dans chaque village, raconte Michel Faiblet, on ne peut pas dire qu'il y avait foule. Il faut trouver d'autres domaines, comme l'habitat, qui concerne tout le monde." C'est peut-être par les économies d'énergie dans le logement que l'intérêt des administrés se réveillera. "Mais, selon Marc Théry, il est beaucoup plus compliqué d'économiser 2 000 tonnes équivalent pétrole en consommation d'énergie que de faire des parcs éoliens."
Les conditions économiques pèsent lourd : "On vise à réhabiliter 90 maisons, dit Michel Faiblet, afin de réduire leur consommation de 30 %. Les subventions couvrent 60 % des travaux, le reste est en prêt à taux zéro, mais ce prêt, les gens ont du mal à le souscrire."
Les difficultés n'empêchent pas d'avancer. "Le plus fabuleux, ce n'est pas les bouts de tôle, c'est l'aventure humaine. Ce qu'on cultive, c'est des liens", conclut Dominique Rocaboy, éleveur de porcs et directeur de l'usine de méthanisation Geotexia.
Hervé Kempf